jeudi 14 mai 2015

La prom'Gélas 2015 : retour aux sources

Ce dimanche 10 mai, il est 4h du matin. J'ai dormi comme un bébé chez mon ami Cédrick que je remercie au passage de son hospitalité. Je suis sur la ligne de départ, en face du théâtre de verdure de la promenade des Anglais à Nice. Au milieu des vélos Hi-tech et des cuisses affûtées, je me demande si je suis bien à ma place. Après ma blessure et mon abandon au Tor des Géants en septembre dernier, je remets de nouveau un dossard. Pourquoi ? Qu'ai-je à prouver ? Premièrement, j'ai envie de vivre l'expérience Prom'Gélas au milieu d'amoureux de la montagne. L'organisation est au top et menée tambour battant par Patrice Malaval et le Caf de Nice, l'association vélocipédique des amateurs Niçois, les Guides du Mercantour. Deuxièmement, je veux me prouver que je suis encore capable de réaliser des efforts longues distances sous la contrainte d'un temps imparti. Après 6 mois d'arrêt total de course à pied et une reprise en douceur, ma cheville m'a donné le feu vert : "Allez mon gars, fais-toi plaisir mais fais gaffe quand même". Je ne m'attends pas à un miracle, j'espère finir. 

 Le départ (DR)

Peu avant que le départ soit donné, je retrouve des amis Yann, Thibault et je rencontre Arnaud, coureur cycliste bien connu dans la région. Il a le sourire. L'ambiance est conviviale. Nice est encore calme et la Police Municipale nous ouvre le chemin. C'est parti pour une nouvelle expérience. L'allure est contrôlée par une voiture de tête jusqu'au Suquet d'Utelle. En attendant le départ chronométré, je discute avec Arnaud et d'autres coureurs. A 25km/h de moyenne, tout le monde est à l'aise. Le lever de soleil dans la vallée de la Vésubie est une renaissance. 

Arrivés au Suquet, les coureurs quittent les chasubles et éteignent leurs lampes. Le départ réel est donné et je suis étonné par la vitesse des premiers qui sprintent dès la première côte. Pour ma part, je reste dans un groupe que je mène avec deux autres coureurs, les suiveurs préférant sucer la roue. Ils seront plus frais pour la suite. Mon fidèle Décathlon n'est pas tout carbone mais je sais qu'il m'emmènera là-haut, vers les sommets. A Roquebillière, ma femme est là pour m'encourager et me donner du baume au cœur !  A Saint-Martin-Vésubie, je suis heureux de retrouver la côte de la Madone que j'ai abandonné depuis près d'un an. Je m'accroche pour ne pas capituler et faire du sur-place. Je négocie bien la première partie mais dans la seconde le coup de bambou me rattrape. Je m'y attendais. Je serre les dents et j'arrive à la transition déjà bien entamé. Je prends mon temps pour réunir mes affaires et ne rien oublier... J'oublie l'essentiel : ma gourde d'eau. Dans mon sac, j'ai tout : pelle, sonde, Arva, baudrier, 3 vêtements, un pantalon, des crampons... 

Transition à la Madone (DR)

Dès les premiers mètres, je me rends compte qu'il est bien trop lourd. A l'arrache, je n'ai pas bien lu le règlement qui stipule qu'une partie du matériel n'est à emporter qu'en cas de nécessité. Aujourd'hui, il fait grand beau. Le portage dure 200m+ jusqu'au vallon Cabret. Je n'ai pas de jus et je me fais remonter par plein de monde. Dans ma tête, une phrase tourne en boucle : "un pas après l'autre, tu vas y arriver". Je ne suis pas fâché de chausser les skis, du poids en moins sur les épaules. Déshydraté, je me penche régulièrement pour attraper de la neige à pleine main et que je porte à ma bouche. C'est froid. J'ai beau être matinal, j'ai mal ! Bien fait pour moi, je n'avais qu'à mieux préparer le sujet (chose que je ne fais que très rarement).

Conditions le jour de la course (DR)

Ma montée se résume ainsi : petit pas de glisse, neige dans la bouche et sac en arrière. Quand j'entrevois le balcon du Gélas, je souffle profondément. Plusieurs coureurs attendent là-haut. J'entends leurs encouragements. L'ambiance est chaleureuse dans un décor de rêve. Je suis au paradis même si mon corps vit un enfer. Arrivé au sommet, je suis ému d'avoir réussi mon pari. Me voila de nouveau en selle. Je ne sais pas encore où mon cheval invisible m'emmènera mais si c'est aussi beau qu'ici, je le suivrai les yeux fermés. 

Arrivée au Balcon du Gélas (DR)

Un grand bravo à l'organisation, aux bénévoles, aux concurrents et un merci particulier à Anne-Claire qui m'a prêté ses skis et chaussures, à Phil pour les bâtons, la pelle, la sonde et l'Arva, à Thierry pour la housse, à Chris et Chou pour leur gentillesse au sommet et à la descente (il faut être patient!).
Je redescends ensuite à vélo jusqu'à Nice, 75km supplémentaire qui me permettent de souffler et profiter d'une magnifique journée.  Un total de 150 km à vélo, près de 2h30 de ski, 45' de marche pour 3200m+.

Résultat : 46ème en 6h13.

N'ayant pas d'image pour illustrer cette belle journée, j'ai trouvé des photos sur skitour.fr. Si leurs auteurs les reconnaissent qu'ils n'hésitent pas à se signaler sur ce blog. Merci.

Longue vie à la prom'Gélas !!!